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Aujourd’hui, tout commence ! Marie, comme plus tard le Christ au jour de son baptême, a été appelée à se réjouir parce que le Seigneur est avec elle, qu’elle est comblée de grâce. Elle porte maintenant en son sein Jésus, le Sauveur. Quand il aura grandi, elle Le suivra partout. À Cana elle s’est réjouie, avec Lui, du bonheur des autres et elle s’est faite servante de leur joie. Elle l’a suivi dans le don qu’Il fait de sa vie pour le Salut du monde, pour la construction du Royaume. Discrètement, elle nous a, nous aussi accompagnés pour nous apprendre à faire de même. Auprès d’elle, nous avons nourri notre foi ce qui signifie selon saint Thomas d’Aquin, croire à l’amour, croire au bonheur, croire marcher vers Dieu et faire partie des membres de son corps. Avec Marie, nous avons essayé d’entrer plus profondément dans la grande histoire d’amour de Dieu avec l’humanité.

Comme l’ange Gabriel a été envoyé à Marie, d’autres ont été envoyés pendant notre pèlerinage. Telle ou telle personne avec laquelle nous avons eu une conversation. Un sourire, un geste échangé et reçu, un enseignement qui nous a éclairé. Les anges ont accompli leur mission et nous sommes différents de ce que nous étions au début du pèlerinage. Maintenant, ils vont nous quitter et notre cœur sera dans la joie parce que cela signifie que nous avons reçu ce dont nous avions besoin ! Qu’avons-nous reçu, sinon l’Esprit Saint qui nous a couvert de son ombre. Nous portons un trésor comme les Apôtres au jour de la Pentecôte. Comme le dit le Christ, Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous ! Il est paix, joie et service dans l’Esprit Saint. Nous sommes renouvelés, porteurs de la vie éternelle alors que nous sommes encore sur terre.

Et l’ange la quitta. Aussitôt, Marie se lève. Le verbe grec, ἀνίστηναι (anisténai), est celui-là même qui est utilisé pour parler de la résurrection. Si Marie n’avait pas besoin d’être rachetée, puisqu’elle était l’Immaculée conception, elle porte en elle son Dieu. L’Esprit Saint est venu sur elle et il y a quelque chose de totalement nouveau dans sa vie qui la pousse à se lever et à partir. Elle marche et elle marche vite, parce que c’est elle désormais la messagère, l’ange qui vient se mettre au service de sa veille cousine Élisabeth, qui vient partager le bonheur que celle-ci doit éprouver dans sa maternité à venir, elle qu’on appelait vulgairement et avec mépris « la stérile ». Cela nous rappelle qu’en dépit des apparences, Élisabeth était nécessaire pour que Dieu déploie son Alliance avec l’humanité. Cela vaut pour chacun, chacune d’entre nous. Chacun, chacune de nous est nécessaire.

Le Cardinal Newman écrivait : Dieu m’a créé pour un service précis ; il m’a confié un travail qu’il n’a confié à personne d’autre. J’ai une mission à remplir dont je ne découvrirai peut-être jamais le sens en ce monde, mais dont je serai instruit dans l’autre. Je suis d’une certaine manière nécessaire à ses plans, aussi nécessaire à ma place qu’un archange à la sienne. […] J’ai un rôle à jouer dans ce grand ouvrage ; je suis un chaînon, un lien entre des personnes. Il ne m’a pas créé pour rien. Je ferai le bien, j’exécuterai la tâche qu’il m’a confiée ; je serai un ange de paix, je prêcherai la vérité, sans même le savoir, si j’observe ses commandements et le sers à la place qui est la mienne. Oui, chacun de nous est appelé, chacun à sa mesure à devenir le co-auteur de l’histoire que Dieu veut continuer d’écrire avec son peuple. Chacun de nous le fera selon ce qu’il est. Car l’Esprit Saint ne fait pas de nous une armée de clones. Il vient transformer, sans jamais la détruire, notre personnalité en ce qu’elle a de bon. Dieu ne prend-il pas plaisir en elle ?

Pendant de longs mois, la flamme olympique a parcouru la France. Chaque porteur était appelé à faire quelques pas avant de la transmettre à une personne. J’y vois comme un appel : la flamme qui nous est confiée est plus intérieure et plus discrète et nous sommes appelés à en être les relayeurs. Le Christ est la torche à laquelle nous venons allumer notre flambeau qui doit transmettre à plusieurs la lumière pour qu’il y en ait une multitude qui brillent ensemble. Comme lors de la procession mariale nos flambeaux éclairent notre route comme le fait la Parole de Dieu. Les flammes, fragiles mais vivantes, donnent vie à nos visages et à ceux des autres, faisant de nous tous, non pas des porteurs successifs mais un seul peuple, une seule famille, membres d’un seul corps, membres les uns des autres ! Et si l’une s’éteignait, un autre la ranimait. Mais cette flamme, il nous appartient, mieux, il nous est demandé de la transmettre à nos cousines Élisabeth !

Qui sont-elles ? Ce sont notamment toutes ces personnes qui ploient sous le fardeau, qui sont enfermées par le regard des autres ou qui simplement cherchent un sens à leur vie. Comme Marie et Bernadette nous sommes invités à nous mettre en route avec empressement pour dire, et non pas faire croire, et encore moins asséner. Je sais bien que Sacha Guitry disait que les voyages, ça sert surtout à embêter les autres, une fois qu’on est revenu. Nous n’avons pas fait un voyage mais un pèlerinage. Nous n’aurons pas de beaux paysages à raconter mais les dons que nous avons reçu à partager. Aujourd’hui, Dieu nous envoie proclamer la Bonne Nouvelle du Royaume comme le faisait saint François en envoyant le frère Tancrède en mission : Tu dois dire à ce ceux que tu rencontres : toi aussi tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement le lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu’il sente et découvre qu’il y a en lui quelque chose de sauvé (cf. Eloi Leclerc, Sagesse d’un pauvre).

Le flambeau que nous devons passer, c’est la lumière que nous avons approchée et touchée pendant ces quelques jours en mettant l’Évangile au centre. Elle est en nous, non pas pour être mise sous le boisseau mais pour éclairer, réchauffer le monde de sa présence et lui redonner une espérance. Laissons passer cette lumière, y compris à travers nos failles ! Témoignons de ce que nous avons vécu par les gestes les plus simples, par le langage le plus simple que tous comprennent, celui de l’Amour qui est la langue de l’Esprit Saint.

Mère Teresa rapportait : en Australie, nous allons dans les maisons des pauvres, nous lavons, nettoyons et y faisons tout ce dont ils ont besoin. Or, un jour, je me rendis chez un homme à qui je demandais : « Puis-je nettoyer votre maison ? » Il dit : « J’ai ce qu’il faut. » Je lui répondis : « ça irait encore mieux si vous me laissiez faire. » Alors, il me permit de nettoyer sa maison. Je vis, dans un coin de la pièce où il se tenait, une grande lampe recouverte de poussière. Je lui demandais : « pourquoi n’allumez-vous pas cette lampe ? » Il répondit : « Pour qui ? Cela fait des années que personne n’est venu. » Alors je lui proposais : « Est-ce que vous allumeriez cette lampe si les Sœurs venaient vous voir ? » Il assura que oui. Alors, je me mis à nettoyer cette lampe. J’avais tout oublié de cette histoire. Deux ans plus tard, j’entendis à nouveau parler de cet homme. Il s’exprimait ainsi : « Dites à mon amie que la lumière qu’elle a allumée dans ma vie brille encore. »

À l’heure où l’ange s’en va, Marie devient cet ange pour Élisabeth. À notre tour d’être les messagers – les anges – et les relayeurs de ce que nous avons reçu, la certitude que Dieu trouve sa joie en chacun de nous. Une joie que nous avons à transmettre.

À vous la parole

13 commentaires

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« Si tous les hommes et toutes les femmes du monde pouvaient enfin s'entendre sans rechercher la perfection mais simplement la bienveillance, que notre MONDE serait beau dans la simplicité du respect ..... »

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COLETTE - 13 octobre 2024 - 9:52

« Merci pour ce message d.amour de notre divine mère Marie »

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Jenie - 12 octobre 2024 - 21:04

« je retiens que l'on peut devenir un ange pour son prochain. »

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bunny - 07 octobre 2024 - 16:02

« Merci de nous faire vivre comme si nous y étions ce beau pèlerinage se, qui me replonge dans l’atmosphère de Lourdes où je suis présente chaque année pour l’assomption. Merci pour ces homélies qui m... »

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Djieng miche - 07 octobre 2024 - 11:13

« Merci pour vos messages de lumière quíl nous donnent de la force pour pouvoir faire pareille près de nous. »

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Maria Francisca - 06 octobre 2024 - 16:47

« Merci pour ces belles homélies, tout spécialement pour la dernière.
Je vais prendre le temps de relire chacune.
»

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Millet Marie Françoise - 06 octobre 2024 - 12:28

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