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Chers frères et sœurs, chers pèlerins du Rosaire. Bienvenue à Lourdes !

Nous arrivons de partout pour répondre à l’appel de la Dame de la grotte et nous allons marcher à la suite du Christ. Ce qui peut nous y aider, ici puis ensuite chez nous, c’est la méditation des mystères du Rosaire qui reprennent la vie du Seigneur. Je sens monter une inquiétude chez les matheux : il va nous prêcher 20 mystères en 4 jours, ça va en faire 5 par homélie ! Elles vont être longues, très longues ses homélies ! Non, rassurez-vous. Chaque jour, nous nous aiderons plutôt d’un mystère et notamment des Lumineux qui ont été institués par Jean-Paul II en 2002.

Commençons avec le baptême du Christ. Jésus est là au milieu de la foule et rien ne le distingue des autres. Et là, je vous vois, foule immense de pèlerins. Certains d’entre vous sont sans doute un peu perdus, d’autres se sentent seuls avec le fardeau qu’ils portent. On n’est jamais si seul qu’au milieu d’une foule ! Cet Évangile est pour vous ! Jésus s’avance et le premier piscinier de l’histoire, Jean-Baptiste, l’accueille. Le rituel est le même qu’ici. Il faut retirer ses vêtements et se laisser faire pour être plongé dans l’eau. Il s’agit de s’abandonner.

À ce moment-là, le ciel, tel un voile, se déchire pour laisser apparaître ce qui, jusque-là, était caché. La voix du Père retentit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, mon Unique, en Lui j’ai mis ma joie. Le secret qui unit, au Ciel et de toute éternité, le Père et le Fils est révélé à l’humanité. Ce secret, c’est l’amour qui les lie : l’Esprit Saint. Jésus est le bien aimé, l’Unique. Il n’est pas d’abord celui qui aime mais celui qui est aimé. Le Père, Lui, est celui qui aime, l’aimant, comme le dit la prière eucharistique. C’est ce qui avait fait dire au petit Hervé lors d’une leçon de catéchisme : J’ai compris ! Dieu est un énorme aimant qui attire tout à lui !

Ce qui est nouveau, c’est que la phrase n’est plus prononcée dans le secret de la Trinité. Elle est proclamée afin que le monde puisse l’entendre. Et elle concerne le Fils qui est devenu un homme, semblable à vous et moi, en toute chose, excepté le péché. Jusque-là, Dieu que personne n’avait jamais vu apparaissait comme un Créateur aimant mais lointain. Et sans doute est-ce encore notre impression, en particulier dans les moments les plus difficiles. Et nous crions avec le psalmiste Combien de temps Seigneur vas-tu me cacher ton visage ? Alors, le Verbe se fait chair, alors Jésus le Christ vient, descend jusqu’à nous. Il descend jusqu’à se laisser plonger dans la profondeur des eaux. Le ciel s’ouvre, la voix du Père retentit et l’Esprit repose sur lui. Le Christ est venu afin que cet Esprit d’amour qui descend sur lui, accompagnant la parole du Père, entraîne aussi chacun, chacune d’entre nous dans ce flot d’amour.

Si c’est à un homme que cette parole est dite, je comprends qu’elle s’adresse, à travers lui, à chacun de nous. Tu es mon Fils, tu es ma fille bien-aimée. En toi je trouve ma joie. En toi je trouve ma joie. Dieu s’adresse à chacun de nous et c’est cela qu’il nous dit. Cette phrase a été prononcée dans le secret de notre être au jour de notre baptême, ce geste que Jésus a vécu et auquel il a donné un contenu nouveau. J’avais été créé à l’image de Dieu et il y avait, en moi, des désirs immenses qui vont bien au-delà de ma nature blessée par le péché. Maintenant, devenu fils, fille dans le Fils Unique, tout devient possible. Et le Père ne cesse de me proposer son amour. Que celui qui a des oreilles entende !

Le Père ne réclame rien d’autre qu’un cœur ouvert de notre part pour y déverser son amour. Un tel accueil n’est pas aussi simple qu’il y parait. Il faut franchir ses propres peurs pour suivre le Christ, pour laisser l’amour de Dieu prendre toute sa place. Se laisser aimer, y compris dans ces lieux où nous ne nous aimons pas vraiment, qui nous font honte. Voilà l’enjeu de notre vie dans laquelle Dieu veut répandre son amour pour créer toutes choses nouvelles en nous. Sainte Catherine de Sienne était un peu effrayée de cela et le Seigneur lui a répondu : c’est vrai que tu n’es pas digne, mais moi, je suis digne d’habiter en toi. Et cela a été, ici, à la grotte, l’expérience de Bernadette, elle qui n’avait rien pour attirer le regard des autres, bien au contraire ! Marie l’a regardée et lui a parlé comme une personne parle à une personne !

Avez-vous remarqué que, depuis quelques années, certains portent des vêtements troués voire déchirés ? C’est d’ailleurs étonnant : plus ils sont déchirés, plus ils coûtent chers. Les stylistes ont-ils voulu imiter Dieu qui a déchiré le ciel pour nous revêtir de la tunique du Christ ? En tout cas, ils n’ont pas suffisamment écouté Dieu qui avait dit : Ne déchirez pas vos vêtements mais votre cœur ! Aujourd’hui, Dieu éternel, qui est le vrai créateur, celui d’une mode qui ne passe pas, déchire le voile du ciel pour nous dire qu’il y a une place pour nous dans la Trinité. Et Jésus, Dieu fait homme, fend, déchire le Jourdain pour nous dire qu’il y a, dans notre humanité une place pour Dieu. C’est comme s’il s’immergeait en nous… L’enjeu est de taille : il s’agit d’atteindre, si j’ose dire, notre poids idéal !

Dans Fanny de Marcel Pagnol, César reprend Marius qui n’a pas été un bon père. Il lui dit : Quand Césariot est né, il pesait 4 kilos... 4 kilos de la chair de sa mère. Mais aujourd’hui, il pèse 9 kilos, et tu sais ce que c’est, ces 5 kilos de plus ? Ces 5 kilos de plus, c’est 5 kilos d'amour. Et pourtant c’est léger l'amour ! [...] Et il en faut pour faire 5 kilos... Moi j’en ai donné ma part ; sa mère aussi. Mais celui qui en a donné le plus, c’est lui. Lui, c’est Panisse, le père adoptif. Dieu est, pour chacun de nous, le vrai Père adoptif qui veut nous donner son amour et nous rendre participants de sa vie divine. Saviez-vous que le plus illustre de nos pèlerins, saint Thomas d’Aquin, affirme que sans cet amour de Dieu, nous ne sommes capables que de planter des choux, construire des maisons et cultiver des vignes ?

Aujourd’hui, écoutons Marie nous dire : Voulez-vous me faire la grâce de venir à la grotte ? Allons-y et asseyons-nous. Prenons le temps de faire mémoire de ces moments où Dieu est venu à notre rencontre à travers des personnes, un sacrement, un temps de prière. Et essayons de le relier à un épisode de l’Évangile selon ces magnifiques paroles de Bernanos : Je me dis que bien avant notre naissance – pour parler le langage humain – Notre-Seigneur nous a rencontrés quelque part, à Bethléem, à Nazareth, sur les routes de Galilée, que sais-je ? Un jour entre les jours, ses yeux se sont fixés sur nous, et selon le lieu, l’heure, la conjoncture, notre vocation a pris son caractère particulier (Journal d’un curé de campagne).

Frères et sœurs, quel est ce lieu, ce moment, où Dieu nous a rencontré pour nous dire son Amour ? Quel est l’appel que vous entendez dans votre âme ? Dieu a immergé sa joie en nous, il prend plaisir en ce que nous sommes. Il a gravé notre nom sur la paume de ses mains pour nous introduire dans sa vie intime. Il nous redit : Tu es mon fils, tu es ma fille bien-aimée, en toi, je mets ma joie. Il cherche un cœur pour s’y reposer. Et si c’était le nôtre ? Alors que notre cœur accepte une déchirure qui transforme pour que, forts de la joie de Dieu, nous nous mettions en marche à la suite du Christ !

À vous la parole

46 commentaires

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« De la joie du bonheur d être là dans ce lieu, par l homélie le prête nous fait vivre ces instants saints pieux de chapelet de temoignages de raisons justifiées d être à Lourdes au souvenir de Bernadet... »

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Longchamps - 03 octobre 2024 - 19:59

« Merci pour cette belle homelie.
Jai aimé l'aimant du petit garçon et les 5kg d'amour qui ont fait frandir le fils de Marius.
Bravo, ça illustre le mystère divin. »

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Marie.J - 03 octobre 2024 - 19:18

« Désolée. Hier, le 2 octobre, commence le pélé à Lourdes et aujourd'hui, je reçois que c'est le dernier jour...
Il y a quelque chose que j'ai dû louper ! Comment retrouver toutes les homélies ?
Je suis... »

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Maryse - 03 octobre 2024 - 17:52

« Merci d'être ces messagers de la Bonne nouvelle. Dans un monde torturé par les guerres de toutes sortes, il est touchant de réaliser que Dieu est à l'oeuvre au coeur de toute la création aujourd'hui c... »

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monique - 03 octobre 2024 - 15:35

« Merci pour cette homélie qui me redonne courage, certains commentaires aussi.
Je ne sais plus prier....si je pouvais me laisser faire! »

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Josy - 03 octobre 2024 - 15:14

« Merci pour cette homélie
Dieu a déchiré le ciel. Sa lumière et son Amour ne laissent pas indemne quand le Malin, le Jaloux s'en mêle. Combien de temps Seigneur vas-tu me cacher ton Visage? Je veux cro... »

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Elly - 03 octobre 2024 - 11:33

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