« Cher, très cher fils (carissimo e sopra carissimo figliolo) dans le Christ le doux Jésus, moi, Catherine, je t’écris dans son précieux sang, avec le désir de te ramener au bercail avec tes autres compagnons. Il me semble que le démon t’a tellement enchaîné qu’il ne te laisse plus revenir ; et moi, ta pauvre mère, je vais te cherchant et m’enquiers de toi, car je voudrais te porter sur les épaules de la peine et de la compassion que j’ai pour ton âme. Ouvre donc, très cher fils, l’œil de ton intelligence ; sors des ténèbres et reconnais ta faute, non pour te désespérer, mais pour te connaître et pour espérer dans la bonté de Dieu.
Las ! Las ! Où sont tes doux désirs ? Que je suis à plaindre ! Je vois que le démon a ravi ton âme et ses saints désirs. Ne te laisse pas tromper par lui, par la crainte et la honte ; romps cette chaîne. Viens, viens, très cher fils. Je puis bien t’appeler cher, tu me coûtes tant de larmes, de pleurs et de tristesse. Oui, viens… »
Méditation
Le souci du prochain
En contemplant et en comprenant l’immense désir qui habite notre Dieu et qui le fait courir à la recherche de toute brebis perdue, Catherine a laissé le désir envahir son cœur de mère. Car c’est à une véritable maternité spirituelle qu’elle a été conduite et qui est peut-être la vraie caractéristique de sa personnalité. Elle n’a qu’un désir, conduire au Christ ceux qu’elle rencontre ou qui viennent à elle.
Le désir… elle ne cesse d’en parler : le feu du désir, la main du saint désir, la bouche du saint désir, la table du saint désir, la croix du saint désir… Il est une expression particulièrement étonnante : la corde du désir ! Par le désir, dès lors qu’il est sain, juste, l’homme contraint Dieu, l’oblige, le lie. Et Catherine en profite largement : « Saisie d’anxiété et enflammée d’un très grand désir […], elle se dresse avec assurance devant le Père qui lui avait montré la lèpre de la sainte Église et la misère du monde et presque avec les mots de Moïse [après l’idolâtrie du veau d’or] elle dit : Et qu’est-ce que cela me ferait si je voyais avoir, moi, la vie éternelle, et ton peuple la mort ? » « Alors Dieu, tournant l’œil de sa miséricorde vers elle, se laissant contraindre par ses larmes et se laissant lier par la corde de son saint désir, se plaignant disait : vous me liez par vos désirs ! »
L’homme désire… il désire recevoir… ce qui lui manque pour vivre. « Ton désir, c’est ta prière », disait saint Augustin.
Dieu désire… il désire donner la surabondance de son amour, se donner lui-même…
Et nous ? Désir de recevoir, de prendre ou désir de donner, de se donner ? Réveillons en nous le saint désir !
À vous la parole
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